La polysémie – phénomène largement reconnu dans la langue générale – a fait l’objet de nombreuses réflexions de nature linguistique, depuis Bréal (1897) et Darmesteter (1886), en passant par Ullmann (1951), jusqu’aux propositions plus récentes de Cruse (1995), Geeraerts (1993), Pustejovsky (1996) et Wierzbicka (1996 chap. 6 « Semantics and “primitive” thought »), pour n’en citer que quelques-unes. 

Dans le domaine de la linguistique française, et toujours en référence à la langue générale, la polysémie a été prise en compte par Pottier (1974), Martin (1983) dans le cadre de la sémantique componentielle, par Victorri et Fuchs (1996) pour ce qui est du traitement automatique des langues, par Kleiber (1999) dans le cadre de la sémantique du prototype. Pour ce qui est plus spécifiquement de la polysémie verbale, nous rappelons les études de Grezka (2009) et François (2007). Le numéro 113 de Langue française (1997) explore la question de la polysémie nominale, alors que l’ouvrage collectif dirigé par Soutet (2005) offre un panorama plus général sur la question. Nous signalons, par ailleurs, un numéro de Lexique portant sur la polysémie régulière (Barque et Haas éds., à paraitre). 

Les réflexions sur la polysémie ont ainsi mis en lumière un certain nombre d’aspects qui la concernent : depuis la question de son existence, en passant par les limites entre monosémie complexe (facette), polysémie et homonymie, les principes à la base de l’éclosion de nouvelles acceptions à partir d’une seule forme (notamment dans les approches cognitives), la différence entre la polysémie des unités lexicales et celle des unités grammaticales, la nécessité d’approches différentes pour appréhender la polysémie d’une unité lexicale et la polysémie d’un énoncé, le degré de granularité de la répartition des sens pour une même forme, ainsi que leur extension, le rôle joué par la partie du discours dans la modélisation du phénomène polysémique, etc. 

En terminologie, toutefois, la polysémie et les questions liées au sens des termes n’ont pas retenu une attention aussi grande en raison, notamment, du fait qu’elle a longtemps été considérée comme un phénomène qu’il fallait prévenir au même titre que la synonymie ou la variation 2 

terminologique. En effet, dans la perspective de la Théorie Générale de la Terminologie, initiée par E. Wüster, la constitution de référentiels terminologiques était censée garantir un lien stable entre terme et concept et maintenir les termes à l’écart du fonctionnement des mots généraux. 

Des travaux récents ont mis au jour le fait que le sens des termes n’est pas aussi stable que le laissent croire des approches plus classiques. Souvent, ces travaux abordent le sens terminologique sous des angles différents : par exemple, l’indétermination (Andersen 2007), l’ambiguïté (Sterner 2022), les points de vue (Condamines et Rebeyrolles 1996) ou la multidimensionnalité (Bowker 2022 ; León Araúz and Reimerink 2010). Néanmoins, comme le rappelle L’Homme (2020), terminologues et terminographes sont souvent appelés à gérer des sens multiples. De même, Lerat, en signalant qu’une langue spécialisée est une langue utilisée comme vecteur de connaissances spécialisées (Lerat 2005) a rétabli le lien entre termes et mots et permis d’envisager des fonctionnements sémantiques proches. Une fois admise la possibilité de la polysémie, différentes méthodes peuvent être utilisées pour en rendre compte dans les domaines spécialisés comme l’explicitation des relations sémantiques dans les définitions terminologiques, la représentation explicite des arguments de termes prédicatifs, ou, encore, la situation des sens dans des cadres conceptuels selon le modèle de la sémantique des cadres (Fillmore 1982). 

Par ce colloque, nous voudrions créer une occasion de débats et d’échanges autour de la question de la polysémie dans les domaines de spécialité – avec des exemples impliquant la langue française (ou dans une approche contrastive impliquant aussi la langue française) – de son statut dans le cadre de la terminologie et des questions qu’elle soulève dans les approches théoriques et méthodologiques actuelles. En particulier, nous nous questionnerons sur le rôle de la polysémie dans la structuration des vocables, telles qu’elle se configure dans les unités lexicales de la langue générale et dans les unités terminologiques apparaissant en domaine de spécialité. 

Nous invitons des propositions de communications portant sur l’un des aspects suivants : 

– Polysémie en discours : les énoncés et les corpus terminologiques 

– Polysémie comme propriété de l’unité terminologique : méthodes de description de la polysémie et leurs applications 

– Représentation de la polysémie dans les dictionnaires de spécialité et les bases de données terminologiques 

– Plongements lexicaux et polysémie 

– Traitement de la polysémie pour la création de réseaux lexicaux/terminologiques multilingues 

– Rapports entre polysémie en langue générale et en langue de spécialité 

– Polysémie dans l’enseignement du français (L1 ou L2) en domaine de spécialité 

– Limites de la polysémie : jusqu’où aller dans le dénombrement des sens dans un terme polysémique ? 

– Polysémie et homonymie en langue de spécialité 

– Polysémie et catégorisation (perspectives, multidimensionnalité, etc.) 

– Sens spécialisé, ambiguïté et indétermination 

– Polysémie en terminologie diachronique 

– Polysémie, traduction et approches contrastives (depuis et vers le français) 

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PROPOSITIONS

Les propositions (en français) doivent porter sur le phénomène de la polysémie en français ou dans une perspective contrastive impliquant aussi la langue française. Elles doivent également êtes situées dans le cadre de la terminologie. 

Les propositions, d’un maximum de 6 000 caractères (espaces comprises, à l’exclusion des références bibliographiques), doivent être envoyées en format .doc et .pdf et suivront le schéma suivant : 

1. Résumé 

2. Présentation du problème 

3. Cadre théorique 

4. Méthode 

5. Données exploitées 

6. Conclusions attendues 

7. Bibliographie 

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Échéancier 

1er février 2023 : date limite pour l’envoi des propositions 

1er mars 2023 : date de notification aux auteurs de l’acceptation/refus de la proposition à la suite de l’évaluation par deux relecteurs anonymes 

1er avril 2023 : date d’envoi des versions définitives des propositions 

25-26 mai 2023 : Colloque (à moins de changements importants liés à la situation sanitaire, le colloque se déroulera en présence) 

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Destinataire 

Les propositions seront envoyées à l’adresse suivante :